samedi 7 septembre 2013

Les adieux à la Reine

Un roman de Chantal Thomas

Nous sommes à Vienne, en 1810, dans une ville humiliée et ruinée par la victoire de Napoléon. Une femme, Agathe-Sidonie Laborde, ancienne lectrice de Marie-Antoinette, se souvient de Versailles et, plus précisément (parce que c'est pour elle une hantise), des 14, 15 et 16 juillet 1789, jours d'effondrement durant lesquels, Louis XVI ayant cédé sur tout, les intimes de la famille royale et une grande partie de la Cour se dispersent. Agathe elle-même s'est enfuie alors, dans la nuit du 16, avec la famille Polignac. 
À travers une reconstitution minutieuse et fébrile de ses dernières heures à Versailles, Agathe découvre la force de sa fascination pour la Reine et la beauté émouvante et singulière du monde qu'elle s'était créé. Un monde placé sous le signe du luxe et de l'élégance, de l'obsession du détail, du goût des espaces protégés, un univers brillant de toutes les apparences du bonheur, sauf que le désir comme l'amour n'y avaient pas de voix pour se dire. Mais est-ce le drame de la Reine ou celui de sa lectrice ?

J'avais beaucoup d'attentes pour ce roman de Chantal Thomas. Il faut dire que tout comme Chantal Thomas, j'ai moi-même étudié le XVIIIe siècle, et j'adore Marie-Antoinette. Non seulement j'avais hâte de le lire, mais je le regardais dans ma bibliothèque en attendant le moment parfait pour m'y lancer. 

Ce moment est finalement venu et... j'ai été déçu dès les premières pages ! Peut-être est-ce justement parce que j'avais trop d'attentes, mais j'ai trouvé le récit froid et impersonnel. L'auteur n'est pas parvenu à me faire ressentir la fébrilité du moment, ni la force de la Reine, ni même le désir et l'amour tel que la quatrième de couverture l'annonçait. 

En outre, le rythme m'a paru saccadé, l'alternance entre le présent, le passé, les souvenirs et même la projection dans l'avenir créée selon moi une confusion bien inutile. Sans oublier que le regard de la lectrice de la Reine était sans doute moins intéressant que ce que j'aurais cru. 
"Je connaissais à la Reine deux démarches: celle, officielle, un peu lente, réfléchi, et qui la grandissait; celle, intime, très vive, mais avec des rondeurs et un léger balancement des hanches qui donnait envie de chanter. Je ne lui connaissais pas cette démarche lourde, un tassement des épaules, et une hésitation, une espèce d'hébétude qui lui entravait le mouvement. La démarche du malheur. De la découverte qu'il y avait un degré supplémentaire du malheur." (p.195)
Finalement, j'ai trouvé que l'auteure - une spécialiste de l'époque, comme je l'ai déjà mentionné - forçait parfois la note en créant des situations qui semblaient être là seulement pour pouvoir y intégrer des connaissances de façon peu subtile. Peut-être est-ce parce qu'il s'agit d'un sujet que je connais bien, mais j'aurais préféré que le récit se concentre sur l'histoire plutôt que sur les détails de l'Histoire justement.  

Bref, je suis déçue, je n'ai rien ressenti en lisant Les adieux à la Reine, et j'ai dû me forcer pour le terminer. Dommage !


Chantal Thomas, Les adieux à la Reine, Seuil, 2002, 245 pages. 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire