dimanche 29 septembre 2013

Sukkwan Island

Un roman de David Vann 

Une île Sauvage du sud de l'Alaska, accessible uniquement par bateau ou pas hydravion, tout en forêts humides et montagnes escarpées. C'est dans ce décor que Jim décide d'emmener son fils de treize ans pour y vivre dans une cabane isolée, une année durant. Après une succession d'échecs personnels, il voit là l'occasion de prendre un nouveau départ et de renouer avec ce garçon qu'il connaît si mal. La rigueur de cette vie et les défaillances du père ne tardent pas à transformer ce séjour en cauchemar, et la situation devient vite incontrôlable. Jusqu'au drame violent et imprévisible qui scellera leur destin. 
Sukkwan Island est une histoire au suspense insoutenable. Avec ce roman qui nous entraîne au coeur des ténèbres de l'âme humaine, David Vann s'installe d'emblée parmi les jeunes auteurs américains de tout premier plan. 

Le premier roman de David Vann, Sukkwan Island est bouleversant. Je ne pense pas avoir lu souvent de récits comme celui-là. Dès les premières pages, l'auteur réussi à nous mettre dans un état de tension psychologique, on lit en retenant notre souffle, dans l'attente d'une tragédie qui semble inévitable.

L'exercice narratif est excellent. Il me semble que beaucoup d'auteurs devraient prendre en exemple le travail de Vann, qui parvient à présenter au lecteur un personnage principal adolescent, sans faire de fausse note dans la narration.

Et que dire de l'histoire ! Tout les éléments pour créer un bon suspens sont présents: un père égoïste et narcissique, une cabane au fond du bois, un île déserte en Alaska, un fils qui regrette d'être là aussitôt arrivé et, bien sûr, des ours et des tempêtes de neige.
"Jim ressentait une rage incontrôlable. Il entra dans la cabane à la recherche de quelque chose, il s'approcha de la radio, la souleva et la précipita au sol, puis il la frappa du pied, encore et encore, avant de saisir la lampe tempête qu'il lança contre le mur où elle explosa, alors il empoigna la VHF et la jeta avant de passer à un sachet de saumon fumé ouvert sur la table, puis il colla un coup de pied dans la table et s'arrêta au milieu de la pièce car quelque minutes à peine venaient de s'écouler, peut-être moins, et cette rage destructrice n'avait aidé en rien. Elle ne l'intéressait même pas. Tout ça lui avait donné l'illusion de la vie, mais ce n'était plus rien à présent. "(p.118)
Sukkwan Island est un roman déstabilisant, qu'on lit d'un seul trait et à bout de souffle. Seul bémol, la fin qui s'étire peut-être un peu, mais pas au point de nuire à l'expérience de lecture. À lire !

David Vann, Sukkwan Island, Gallmeister, 2010, 192 pages. 


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